Au Mozambique, un monster truck humanitaire vient en aide aux communautés touchées par les cyclones

03/05/2019
Dans ce pays d’Afrique australe touché par deux cyclones en l’espace de six semaines, le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a déployé un véhicule amphibie pouvant atteindre les communautés isolées par les inondations.
L'aide humanitaire bute souvent sur le dernier kilomètre, cette portion de route inondée qui sépare l'assistance alimentaire d'une communauté en détresse. Le dernier kilomètre est souvent le dernier obstacle qui peut faire échouer toute une opération d’urgence et sa taille n’indique en rien les problèmes qu’il peut causer. Buzi, une zone rurale du nord du Mozambique, a été isolée par les inondations après le passage du cyclone Idai en mars. Entourées d’eau de tous les côtés, les maisons ont été inondées pendant sept jours et une grande partie des fermes sont toujours submergées. À la cime des arbres, des familles ont attendu une aide d'urgence, certaines pendant trois jours. Les entrepôts de céréales ont été inondés. Le bétail s'est noyé ou s'est échappé vers des terres non submergées. Au cours des deux premières semaines qui ont suivi le cyclone Idai, quelque 100.000 personnes ont reçu du PAM une aide alimentaire acheminée par hélicoptères et par bateaux. Mais lorsque tant de personnes ont besoin d’une assistance d’urgence, les camions sont souvent le moyen le plus rapide et le moins cher pour acheminer la nourriture. Deux camions du PAM sont partis pour Buzi le 4 avril. La route en terre qu’ils ont empruntée était tellement gorgée d'eau que le premier véhicule a coulé, incapable d'avancer. Lorsque le second camion a tenté de poursuivre la route en contournant le premier, les deux véhicules sont tombés l'un contre l'autre, comme des cartes. Plus léger et plus rapide, un 4x4 du convoi a tenté d’avancer, mais a, à peine, dépassé les deux camions. Le convoi humanitaire qui était censé porter secours est alors lui-même devenu un obstacle. Pour la première fois dans une situation d'urgence immédiate, le PAM disposait d’une nouvelle option : un camion amphibie, ressemblant à un char à roues gonflables, appelé Sherp - un nom inspiré des Sherpas, ces courageux guides qui grimpent le Mont Everest en portant de gros paquets sur leurs dos. « C’est comme un monster truck humanitaire », explique Adam Marlatt, un expert en mission auprès du PAM, assis dans le Sherp à la place du passager. « C’est comme conduire un chariot élévateur », explique Nobuyoshi Kida, chauffeur du vehicule et manager de la flotte de véhicules du PAM pour la région. Après avoir testé deux Sherps en République démocratique du Congo (RDC) et trois au Soudan du Sud en 2018, le PAM a inclus deux de ces véhicules fabriqués en Ukraine dans sa réponse humanitaire au cyclone Idai. « Il s'agit d'une innovation de la chaîne logistique qui est rentable et va directement vers son objectif : la population dans le besoin. Nous sommes en train de changer l’idée selon laquelle nous devons utiliser un hélicoptère ou un pont aérien », explique M. Kida. Peu de temps après le blocage des camions du convoi, deux Sherps sont arrivés de Beira à l'arrière d'un camion à plate-forme pour acheminer de l’aide humanitaire à Buzi. Mais des informations de navigation cruciales étaient nécessaires pour que les Sherps puissent continuer leur route. Ces véhicules amphibies ne peuvent pas surmonter d’obstacles verticaux. Le conducteur devait donc savoir où se trouvent les pentes sur son chemin. Il était également impératif que les Sherps évitent les courants qui pourraient les entrainer vers l'océan Indien. Un drone a donc été envoyé pour effectuer un vol de reconnaissance au dessus de la zone. Des images du drone, piloté par Adam Marlatt depuis le siège passager du Sherp, s’affichaient alors sur l’écran de son téléphone, lui permettant ainsi de « voir » au-delà des cimes des arbres et du marais, et de parcourir les 30 kilomètres restants jusqu’à Buzi. « Il est intéressant d’associer une solution innovante du monde de la logistique, telle que les Sherps, à une solution émergente du monde de la technologie, telle que les drones. Les deux se complètent », explique Adam Marlatt.

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